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Les préparatifs :
Déjà
il a fallu faire un choix de titres draconien puisqu'il n'en fallait
que deux sur le tribute. Non pas qu'on joue tout le répertoire
de JLA, ça se limite à "Temps à Nouveau",
"Veille sur moi", "Entends moi" qu'on joue tout
le temps, et "l'Essentiel" qu'on ne joue plus. On a pas mal
hésité entre "Temps à nouveau" et "Entends-moi",
et finalement on a pris celle qui nous paraissait la plus rock, "Temps
à nouveau". Y avait plus qu'à enregistrer... Pour
un maximum de naturel et pour garder une trace du plaisir de jouer ensemble,
on avait décidé de s'enregistrer "live" plutôt
que piste par piste les uns après les autres. On a donc réservé
un studio de répétition chez Luna Rossa (notre lieu de
répète hebdomadaire) pour tout un dimanche après-midi,
fin janvier. Le hasard a voulu qu'on nous attribue le studio H... pour
enregistrer un hommage à Jean-Louis Aubert, c'était sûrement
un signe occulte :-)
Enregistrement
"live en studio" donc, mais pour garder le maximum de possibilités
de mixage après l'enregistrement, donc le meilleur son possible,
enregistrement de chaque instrument sur des pistes séparées.
L'enregistrement d'ambiance en simple stéréo avec un seul
micro ou en sortie de console, on a déjà essayé,
c'est pas terrible. C'est là que notre sauveur Matt Lenurp arrive
à la rescousse en nous proposant ses services, ceux de son PC
et de sa carte ISIS à 8 entrées. Deux guitares, une basse,
deux voix, et trois pistes pour bien sonoriser la batterie, ça
devait le faire ! Même si déjà quelques réserves
pointaient sur les capacités de la carte ISIS à suivre
le mouvement...
Pour sonoriser tout
ça, il faut louer des micros batteries et guitares et divers
accessoires... direction Hocco, à Vitry, bien caché dans
une rue pavillonnaire, loueur de matériel qui est aussi un studio
de répétition. Pendant que le gars nous sort le matos,
Guillaume et moi on se dit que le groupe qui répète à
coté joue un bon cran au dessus de la moyenne des amateurs qu'on
entend d'habitude derrière les double-portes des salles de répète...
et aussi que le style des morceaux et la voix du chanteur nous rappelle
quelque chose... un coup d'oeil par la porte nous confirme que ce n'est
pas le p'tit groupe du coin : c'est Indochine qui répète
son double concert Paris/Bruxelles de la semaine suivante ! Entendre
et voir l'ennemi ancestral Indochine juste avant d'aller enregistrer
du Aubert, encore un signe occulte :-)
L'installation de
tout le matériel est un peu laborieuse, et assortie des bonnes
surprises de la location : les cables qui font à peine 1m50,
les pieds de micro sans rien pour fixer le micro dessus... une fois
qu'on a tout branché on est déjà un peu à
la bourre sur le programme. On fait quand même une pause pique-nique
sur la moquette du studio, salade de pates, cookies et petits pavés
au chocolat préparés le matin même par mes soins
(je cuisine mieux que je ne joue de la guitare). Bon il est peut-être
temps de faire la balance ?
C'est là
que notre deuxième sauveur Spirou arrive à la rescousse
! Spirou, c'est le mythique guitariste du mythique groupe Molodoï
(première moitié des 90's), et comme le punk (le vrai)
ça ne paye pas les factures, il officie à Luna Rossa avec
bienveillance et jovialité. Monsieur Spirou nous donne donc notre
première leçon d'ingénieur son, nous dépanne
des divers problèmes techniques, nous prête du matos de
sous le comptoir, et nous fait une belle balance sur la console 12 voies
du studio H. Avec le scotch blanc (très important, le scotch
blanc) sous les faders indiquant "voix Olivier", "Guitare
Guillaume", "Batterie ambiance", "batterie kick",
"basse" on s'y croirait presque ;-)
Le bzzzz des amplis
remplit la pièce de son bourdonnement lancinant, il n'y a plus
qu'à presser record...
---> L'enregistrement
:
Matt
Lenurp nous rejoint pile-poil quand tout est prêt pour enregistrer
et s'installe à la console/pc/logic audio/direction des opérations.
On fait quelques essais, et on constate vite que la carte son a du mal
à suivre... elle enregistre tout, mais certaines pistes sont
en retard sur d'autre... pas possible d'utiliser toutes les voies, il
faut réduire. Après réductions successives, on
se retrouve finalement avec une piste de voix (on refera les choeurs
en overdub), deux pistes de guitares, et une piste unique pour la section
rythmique, qui mélange tous les micros batterie et la basse.
Les possibilités ultérieures de mixage sont réduites
d'autant, on n'a pas intérêt à se planter dans la
balance de la piste rythmique... heureusement Matt et Spirou ont de
l'oreille !
Comme on voulait
aussi en profiter pour enregistrer d'autres choses, on a pris le temps
de faire plusieurs prises de nos deux contributions, mais on n'a pas
pris le temps de les écouter à chaque fois, ce qui n'était
pas une bonne idée, comme on verra plus loin. On a donc enchaîné
les prises de "Veille sur moi" et de "Temps à
nouveau", jusqu'à ce qu'une prise fasse l'unanimité.
Ce qui n'est pas facile quand on est quatre : c'est forcément
quand le guitariste trouve que son solo est son meilleur de la journée
que le batteur, lui, trouve que ça manquait de pêche et
qu'il faut la refaire. Les oreilles du producteur Lenurp était
bienvenue là aussi :-)
Le paragraphe spécial
pour les amateurs de précisions techniques : la bassiste Isabelle
joue sur une basse Cort reprise directement en console via une boite
de direct, le batteur David joue sur la batterie du studio, dont je
ne me rappelle plus la marque, avec un micro dans la grosse caisse (Shure
Beta 52) et deux micros "overhead" (Shure SM 81), le guitariste
lead Guillaume joue sur une Gibson The Paul branchée dans un
Marshall JTM 60 avec une disto TC Electronics, et moi je joue sur une
Fender Telecaster branchée dans un Marshall JCM 900 avec chorus
Boss, delay Akai et overdrive Ibanez. Les guitares sont reprises par
des Shure SM 57. On n'a pas eu trop le temps de chercher le son ultime
de guitare dans la config du jour, et je suis un peu déçu
du son de la mienne, trop brillant à cause des cordes neuves,
et pas assez saturé par moments, mais bon... jamais on ne s'est
aussi bien entendu jouer, par rapport au caméscope ou à
la cassette pourrie, c'est le jour et la nuit :-)
Multiplier les prises
en les enregistrant toutes, ça permet de limiter le phénomène
bien connu, dit "Loi de Bonaldi" : "ça marchait
super à la répétition". En effet, on constate
que lorsqu'on joue "l'air de rien" pour faire la balance,
ça swingue, on est décontracté, on ne se plante
pas et ça sonne. Dès qu'on appuie sur la touche "record",
tout le monde se concentre à mort... et c'est raide, timoré,
et on se plante en beauté à la moindre occasion... avec
plusieurs prises, on finit par en sortir une valable qui satisfait tout
le monde. Après plus de 6 heures de studio H, dont probablement
les deux tiers sans jouer, on a bien été obligé
de plier bagage, dommage on aurait bien continué, c'est assez
fun finalement de jouer avec un but précis comme celui-là.
Tout est dans la
boite, direction le mixage !
---> Les finitions et le mixage :
Cette fois, ça
se déroule dans le home studio de Matt Lenurp, encore plus convivial
que Luna Rossa (belles guitares, belles photos, dulcinée et enfants
adorables, bière fraiche...) et pour faire comme les pro, ça
se passe le soir, puis la nuit à force de fignoler les détails
:-) C'est aussi l'occasion d'écouter en avant-première
les contributions de Matt et Muriel, cool !
La
bonne nouvelle, c'est que Matt nous a déjà fait un premier
mix de "Temps à Nouveau" et niveau son, c'est au-delà
de ce qu'on espérait. La mauvaise nouvelle, c'est que la carte
son a fait des siennes, et que les 4 pistes des bonnes versions de "Veille
sur moi" sont complètement désynchronisées
: la voix a une demi-mesure d'avance sur la rythmique, qui elle même
a un tiers de temps de retard sur la guitare lead, qui elle-même
etc.... Totalement inaudible. Et comme on n'a pas écouté
après l'enregistrement, on ne s'en aperçoit que maintenant,
trop tard pour refaire des prises... grosse déception, vu que
c'était le titre auquel on tenait le plus...
Raison de plus pour
soigner "Temps à nouveau"... Guillaume enregistre quelques
choeurs discrets, et avec subtilité Matt suggère que la
voix lead pourrait être mieux, en me proposant avec insistance
de la refaire :-) Moi je voulais garder l'intégrité du
"live" mais il a du me faire écouter quelques passages
franchement faux qui m'ont convaincu de tricher un peu. Casque sur les
oreilles, on refait donc une ou deux prises de voix (sans compter les
plantages) : c'est plus dur de chanter par dessus une bande qu'avec
le groupe en direct quand on n'a pas l'habitude, j'ai même dû
mimer la guitare par moment pour coller au rythme ;-) Ca ne devient
pas du Roger Daltrey pour autant, mais ça améliore un
peu le truc. Matt nous fait un mixage aux petits oignons, un peu de
reverb, un peu de répartition dans la stéréo, plus
de ci, moins de ça, et le résultat final nous emballe
grave (le son en tout cas, pour l'interprétation on garde quelques
réserves... ;-) )
Quelques jours plus
tard, alors qu'on avait presque fait le deuil de "Veille sur moi"
faute de possibilités pour ré-enregistrer, Matt nous dégotte
une prise à peu près correcte et sans problème
de synchro. Il travaille tout seul dans son coin et nous propose un
mix aussi bon que le précédent (à part que ma guitare
n'est pas assez forte ;-) ) mais là pour le coup, vu que c'est
une prise "intermédiaire", après des écoutes
répétées, on n'est vraiment pas satisfait de l'interprétation,
un peu molle, et bien garnie en pains variés. On passe donc à
nouveau quelques semaines de valse hésitation entre "on
la met comme ça, c'est pas si mal" et "c'est nul, on
ne peut pas mettre ça". Et puis comme c'est mon titre préféré,
celui que je voulais absolument mettre sur le tribute, je me décide
à m'atteler à la resynchronisation des pistes une par
une et à la main, travail qu'on avait évalué à
quelques dizaines d'heures, donc infaisable... heureusement, le problème
n'était pas aussi grave qu'il en avait l'air à l'oreille,
et deux-trois grosses soirées à s'user les yeux sur SoundForge,
excellent
éditeur audio, permettront de recaler les 4 pistes entre elles.
Notre "Veille sur moi" est sauvée, j'allume un cierge
à Sainte Cécile, patronne des musiciens :-)
Nouvelle soirée
chez Matt pour un mixage aussi classieux et mitonné avec amour
que le précédent, et cette fois j'entends ma guitare ;-)
Là on ne refait rien, tout est d'origine et provient de l'enregistrement
live en studio. Le pont instrumental n'a pas toute l'épaisseur
qu'on aurait voulu lui donner, la voix pourrait être mieux, mais
globalement on est super content du résultat :-) On a nos deux
titres pour le tribute, et ça sonne comme jamais on n'aurait
espérer que ça sonne, merci Matthieu !
Pour
terminer ce nouveau récit interminable, un petit topo pour situer
notre Groupe Sans Nom :-)
Nous sommes tous les quatre des musiciens du dimanche, à peu
près autodidactes, amateurs de chez amateurs, qui jouons juste
pour le plaisir de jouer. Nous jouons très peu ou pas du tout
à domicile chacun de notre coté, nous ne composons pas,
nous n'enregistrons rien, et les rares fois où nous avons joué
en public, c'était parce que l'occasion se présentait...
Comme il y a les requins de studio, musiciens pro qui écument
les studios d'enregistrements, nous sommes un peu des mérous
de studio : nous barbotons tranquillement, sans but précis, à
un rythme pépère, autour de notre coin de corail, le studio
Luna Rossa :-) Signe qu'internet n'est pas un repli sur soi-même
mais un moyen d'ouverture, nous nous sommes rencontrés grâce
à internet et à Bertignac réuni, c'est à
dire grâce à la Bertiliste. Enfin, j'avais quand même
rencontré la bassiste de manière plus classique quelques
temps avant ;-) David le batteur jouait avec d'autres personnes, et
après quelques échanges par mail et quelques rencontres
à des Bertibouffes, ils nous ont proposé à Isabelle
et moi de les rejoindre, vu qu'il leur manquait un bassiste et un deuxième
guitariste. La configuration du groupe a évolué au fil
du temps, les premiers sont partis, et Guillaume est arrivé au
moment du treebute Bertignac, il cherchait des gens pour l'accompagner
sur ses reprises (le début de notre carrière de mérous
de studio, donc). Comme ça collait bien entre nous, et pas seulement
musicalement, il est resté ! Forcément, vu notre connexion
initiale, on joue pas mal de Téléphone, Bertignac et Aubert,
et grosso modo on joue les trucs sur lesquels on se retrouve tous les
quatre, que ce soit les grands classiques (Stones, Beatles, Bowie...)
ou les trucs du moment (De Palmas, Keren Ann, Kat Onoma...). Souvent
quand on va voir un concert ensemble, on a envie de jouer pleins de
trucs juste après, c'est comme ça qu'on s'est entiché
de "Veille sur moi"... et un jour peut-être, on fera
une compo personnelle :-)
merci de votre attention
;-)
Olivier